L’avenir de l’intérim sera phygital
Bien qu’entamée depuis un certain temps, la transformation digitale des agences de travail temporaire était encore très contrastée. Avec la crise du Covid-19, ces entreprises ont dû prendre le virage du numérique.
Le numérique permet désormais de faciliter le traitement des commandes, des missions, des paies tout en réussissant à mettre au centre de leurs préoccupations les échanges avec leurs clients et leurs candidats intérimaires.
Cette tendance à l’hybridation des pratiques entre dématérialisation des processus et favorisation des relations humaines, qu’on désigne sous le terme de « phygitalisation », se présente désormais comme une véritable lame de fond, qui doit participer pleinement à la conduite du changement au sein du secteur.
L’intérim nouvelle génération ?
Comme dans nombre de secteurs, il y aura un « avant » et un « après » Covid pour l’intérim en France.
Tandis que le chiffre d’affaires global du marché du travail temporaire a chuté de 18% en 2020, celui des agences 100% digitales a, lui, fait un bond de 40 %. La fermeture des agences physiques lors du premier confinement a entraîné un transfert des candidats intérimaires et des entreprises clientes vers des solutions numériques de recrutement temporaire. Les « pure players », plus flexibles, ont diversifié leurs sources de revenus et ont baissé les prix, quand certaines agences d’intérim positionnées sur les secteurs en crise ont vu leur chiffre d’affaires s’effondrer.
Ce qui a le plus changé avec la crise, c’est le besoin concret de dématérialiser la globalité des processus administratifs, sans coupure dans la chaîne, de façon non plus parcellaire mais quasiment automatisée. Il a été ressenti par l’ensemble des parties prenantes, que ce soit le personnel des agences d’intérim en télétravail ; les candidats (et particulièrement les plus jeunes utilisant exclusivement Internet dans leur recherche d’emploi) mais aussi les clients qui préfèrent souvent rechercher par eux-mêmes de potentiels candidats. Pour autant, il serait exagéré de dire que le « tout digital » est le nouvel eldorado du secteur de l’intérim.
Un recrutement digital … mais toujours humain
Dans les faits, les pure players cherchent désormais à instaurer des relations physiques en recrutant des agents commerciaux, tandis que les agences de travail temporaire accélèrent leur transformation digitale, tout en conservant des lieux physiques indispensables à la relation humaine entre équipes et candidats. Dématérialisation et interventions humaines doivent coexister et se compléter. La phygitalisation – cette association intelligente et agile de relations humaines et de processus en ligne – tend à s’imposer comme la bonne réponse à ce besoin d’hybridation des pratiques tant du côté entreprises de travail temporaire que des candidats ou des entreprises clientes.
On le sait aujourd’hui, la numérisation des tâches administratives permet de dégager 30% de temps au personnel des agences. Une fois la partie administrative automatisée, le personnel peut dégager du temps et le consacrer à des moments d’échange avec les candidats. Ce temps de travail gagné peut alors être consacré à des activités à forte valeur ajoutée, centralisées sur l’humain : recruter, former des candidats, réaliser des bilans de compétences, organiser des entretiens de suivi…
Revenir au coeur de métier
Le digital et la phygitalisation n’ont donc pas pour vocation de remplacer les équipes, mais bien de les décharger des tâches chronophages et sans valeur ajoutée qu’un process automatisé fera plus vite et mieux qu’elles. Avec la phygitalisation, le digital est complémentaire de l’humain qui pourra se recentrer sur son véritable cœur de métier : la relation et la valorisation des compétences des intérimaires.
Les agences seront amenées à jouer sur leur présence physique et sur la mise en place d’outils digitaux efficaces pour bien réussir leur phygitalisation, qui leur permettra de se consacrer aux intérimaires, la bonne façon de les valoriser, eux et leur statut.
Source : focusrh.com
Auteure : Emilie Legoff est CEO et fondatrice de l’entreprise Troops.